Quel rapport entre Benoit XVI et Simon Rattle ? Ils ont annoncé leur démission presque en même temps. Celle du second a fait moins de bruit que celle du premier, et pourtant le journaliste du Frankfurter Allgemeiner qui a interview le maestro à cette occasion insiste sur le fait qu’hormis Claudio Abbado, les directeurs du Philharmonique de Berlin sont morts à la tâche, à commencer par Leo Borchard, successeur de Furtwängler et prédécesseur de Karajan (Sergiu Celibidache n’étant considéré que comme un intérimaire), disparu trois mois après sa nomination, tel un Jean-Paul 1er de la baguette. « Aujourd’hui, le directeur musical d’un orchestre reste en poste cinq ans, explique Sir Simon. Les temps ont changé, dans le monde de la musique, les horloges ne sont plus réglées de la même manière. J'ai été marié dix-huit ans avec le City of Birmingham Orchestra, et tout le monde a crié: « Assez! C'est une éternité! ». Lorsque je quitterai Berlin, en 2018 si tout va bien, j’aurai passé seize ans avec l'Orchestre. » « Quand je viens à la Philharmonie, Karajan est toujours là », réplique (perfidement ?) l’interviewer. « C’est vrai, il vient me chercher pour déjeuner », répond Rattle (humour à l’anglaise), ajoutant « Nous sommes là pour assumer une certaine responsabilité pendant un certain laps de temps. C’est un principe fondamental de la démocratie ». Une notion que les papes actuels semblent intégrer moins difficilement que ne l’aurait fait Karajan en son temps.
François Lafon