Vendredi 19 avril 2024
Le cabinet de curiosités par François Lafon
John Eliot Gardiner et l’ascenseur social
mardi 29 juin 2010 à 07h48

Il n’y a pas que le football qui fasse fonctionner l’ascenseur social. Mercredi 23 juin, à la Salle Pleyel, un curieux ensemble de cordes joue des transcriptions d’œuvres célèbres. A sa tête : John Eliot Gardiner en personne. Les instrumentistes sont des ados, voire des enfants, venus de toute l’Ile-de-France : conservatoires, collèges, associations. Ils ont été coachés par des membres du London Symphony Orchestra : neuf séances faisant suite à six mois de travail avec leurs professeurs français. L’opération est intitulée Take a bow (au propre : « Prends un archet » ; au figuré : « salue le public », ou encore «  Tire ta révérence », titre d’une chanson à succès). Le LSO, depuis son QG de St Luke’s Church, à Londres, s’est fait une spécialité de cette pédagogie directe. Gardiner renchérit : « L’enseignement de la musique en France est confit dans l’académisme. Donnons aux jeunes l’envie de s’amuser ». Très tendance, Sir John : à Caracas, Gustavo Dudamel  fait de l’orchestre symphonique un big band classique ; à Baltimore, Marin Alsop compose un ensemble avec des amateurs et des déçus du métier. Les croque-morts en queue de pie ranimant la flamme de Mozart et Beethoven n’attirent plus les foules. N’empêche : dans la fosse de l’Opéra Comique, où Gardiner dirige Pelléas et Mélisande, les membres du très british Orchestre Révolutionnaire et Romantique n’ont pas l’air de plaisantins. Les jeunes de Take a bow non plus. Outre-Manche, travailler dans la joie n’a peut-être pas le même sens qu’ici. 

François Lafon

 

Le cabinet de curiosités
 
Anciens sujets par thème
 

Anciens sujets par date
2024
2023
2022
2021
2020
2019
2018
2017
2016
2015
2014
2013
2012
2011
2010
2009