Au Grand Palais, dans le cadre de Monumenta 2012 consacré à Daniel Buren, Libido sciendi (J’apprends par le sexe), pas de deux sans musique du dramaturge Pascal Rambert. Silence, longues plages d’immobilité, nudité des danseurs perdus dans l’immensité de la nef : la pièce, créée en 2008 à Montpellier-danse, est devenue un classique du « no charm so charming ». « Accouplement chorégraphique sans accompagnement musical autre que les respirations et le dialogue sonore des peaux, » annonce le programme. C’est plutôt la rumeur du lieu qui s’impose : craquements des cercles colorés buréniens, sonneries de portables portées par l’écho, voix venues de nulle part, grondement de la ville au loin. Tout cela forme une partition sauvage, pas moins suggestive que le « dialogue sonore des peaux ». Même lieu, la semaine dernière, Pierre Guyotat a lu des extraits du De Rerum Natura de Lucrèce : « Quand il m’a été offert de participer à l'une des soirées de Monumenta, j'étais en train de relire Lucrèce qu'on ne peut lire en latin qu'en le prononçant à voix ouverte tant le monde y est tassé comme un testament d'avant la catastrophe ». Métaphores de la superficialité, vraiment, les jeux colorés de Buren ?
François Lafon
Libido sciendi, Grand Palais, Paris, les 7, 8, 9 juin à 21h15. A voir jusqu’à dimanche 10 sur Arte Replay, le documentaire Daniel Buren auGrand Palais.