Toute la presse en parle : Pink Floyd, les Beatles, Coldplay, Katy Perry et Beyoncé, locomotives EMI d’hier et d’aujourd’hui, se retrouvent chez Universal, qui vient de manger tout cru le département « musique enregistrée » de son concurrent. Personne, en revanche, ne mentionne Maria Callas, Elisabeth Schwarzkopf, Samson François ou Natalie Dessay, lesquels se retrouvent dans la même situation, mais dans le domaine plus que jamais marginal de la « grande musique ». On ne cite pas non plus Herbert von Karajan ou Dietrich Fischer- Dieskau, qui n’ont pas attendu la fusion pour manger aux deux râteliers, ni, a fortiori, Roberto Alagna et Rolando Villazon, lancés par EMI (et sa filiale française Virgin), et passés chez Universal une fois la gloire venue. Le temps est loin de la lutte à mort entre Callas (EMI) et Tebaldi (Decca), et plus loin encore celui où le Beethoven à la française d’Yves Nat (EMI) et celui, plus germanique que nature, de Wilhelm Backhaus (Decca) coexistaient sans se rencontrer. « En tant qu’Anglais, j’ai grandi avec les disques EMI » affirme Lucian Grainge, PDG d’Universal Music, qui ajoute : « Universal s’engage à préserver le patrimoine culturel et la diversité artistique d’EMI ». En temps de crise, pour le disque comme ailleurs, ce genre de propos n’engage pas à grand-chose.
François Lafon