Premier volume, chez EuroArts/Idéale Audience, d’une collection consacrée aux portraits et documentaires réalisés par Bruno Monsaingeon : Dietrich Fischer-Dieskau. Un coffret de six DVD ou Blu-ray dont le cinquième, Paroles ultimes, est un curieux objet cinématographique, dont le projet a effrayé (presque) tout le monde, y compris les grandes chaînes culturelles. Paroles donc, et ultimes, puisque cette autobiographie en un prologue et quinze scènes résultant de six heures d’interviews réalisées en 2008/2009 à Berg (Haute-Bavière) a été interrompue par la maladie et la mort du protagoniste. Pendant une heure et demie, face caméra, le chanteur se raconte, seul ou presque, les questions étant autant que possible coupées : enfance, guerre, débuts, scène, direction d'orchestre, disque, Lied, opéra, carrière, enseignement, Furtwängler, Kubelik, Karajan (très peu), Böhm, Julia Varady (qu’il épouse en 1977). Propos éclairants, pas toujours tendres (Furtwängler en prend pour son grade), conscience évidente d’être un cas unique, mais aucune autocongratulation. Seule incompréhension, partagée par de nombreux chanteurs : la mise en scène d’opéra contemporaine. Montage et idées alla Monsaingeon : voir DFD s’écouter lui-même chantant Schumann – paroles murmurées, œil heureux ou sourcils froncés - est en soi une leçon de chant. Cela pourrait être réservé aux fans et aux professionnels, c’est un document comme on aimerait en avoir sur nombre d’artistes et écrivains. A essayer sur ceux - jeunes et moins jeunes - pour qui Fischer-Dieskau n’est – au mieux - qu’un nom omniprésent sur ces objets d’un autre temps : les disques.
François Lafon
Coffret de 6 DVD ou Blu-ray, livre de 204 pages. EuroArts/Idéale Audience