Nouveau programme de recherches (2013-2015) du philologue et musicologue britannique Armand d’Angour, professeur au Jesus College d’Oxford : la redécouverte de la musique des Grecs anciens. Un serpent de mer : depuis le temps que l’on essaie d’imaginer comment sonnait, en - 472 au Théâtre de Dionysos, « Elle a passé l’armée royale, qui perce toutes les défenses » (Eschyle, Les Perses, parodos, strophe 1)… On a tout essayé : récitation rythmée, voix alternées, chant syllabique, mélopée orientalisante, avec ou sans accompagnement de lyre, de flûte, de trombones ou de percussions. Mais Les Choéphores de Darius Milhaud (1915) sonnent comme … du Milhaud, et les harmonies barbares de Jean Prodromidès pour Les Perses à la télévision française (1961) font plutôt penser à du Stravinsky mâtiné de Carl Orff. « En combinant différentes recherches sur la musique de l’antiquité, nous devrions pouvoir recréer le son d’un choeur d’Euripide ou d’un passage de L’Odyssée d’Homère – entendre le chant des sirènes », affirme Armand d’Angour. Dernière découverte en date : des textes « musicalisés » (lettres et signes placés au-dessus des voyelles) datant de – 450. Cela donnerait quelque chose comme cette reconstitution due à David Creese, Degree Programme Director for Research Degrees in Classics and Ancient History à l’Université de Newcastle :
Reste aux antiqueux (comme on dit baroqueux) à persuader le public actuel qu’Eschyle, Sophocle et Aristophane étaient ainsi accompagnés, et qu’ils gagnent à l’être encore aujourd’hui. « Supposons que dans 2500 ans on ne retrouve des chansons des Beatles que les paroles, et des opéras de Mozart et Verdi les livrets sans la musique », se justifie d’Angour. « Addio del passato » (La Traviata) sur l’air de Let it be donnera en effet une idée insoupçonnée de la musique occidentale aux alentours du deuxième millénaire.
François Lafon
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