A l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille, premier tableau de l’acte III des Maîtres Chanteurs de Nuremberg (1 h 20 de musique), tel qu’il a été créé au Palais Garnier en 1897, dans la traduction française d’Alfred Ernst. Un projet risqué mené par deux chercheurs, Aurélien Poitevin et Rémy Campos. Le décor en trompe-l’œil, les costumes Renaissance sont comme à l’époque, et les chanteurs respectent la rhétorique gestuelle qui a prévalu à l’opéra (et chez les politiques, lesquels imitaient les artistes) jusqu’à ce que les metteurs en scène de théâtre viennent tout chambouler. Seul manque l’orchestre (sur instruments d’époque ?), remplacé par un piano (moderne). Dépaysement garanti, mais pas autant qu’on pourrait l’espérer. Sans démériter (Didier Henry est très émouvant en Hans Sachs), les interprètes sont désespérément de notre temps. On imagine les créateurs plus « monstres sacrés », plus « en représentation », maniant la déclamation française sans se soucier d’une version originale que le public n’avait de toute façon pas dans l’oreille. Pourquoi alors ce « à la manière de… » ? Pour retrouver l’innocence originelle, pour montrer que la fidélité à la lettre - même un siècle après - révèle mieux l’esprit d’une œuvre que nos actuelles relectures ? Les maîtres d’œuvre viennent de sortir un gros livre intitulé La Scène lyrique autour de 1900. A suivre dans Musikzen.
François Lafon
Opéra National de Paris Bastille, Amphithéâtre, 30 et 31 mars à 20h. Photo © DR