Ouverture, avec les Vêpres de la Vierge de Monteverdi, de la saison du jubilé (850ème anniversaire) de Notre-Dame de Paris. Vingt-cinq concerts jusqu’à la création, en décembre 2013, de nouvelles Vêpres signées Philippe Hersant. Nef bondée, présence conjointe de Monsieur le Cardinal et de Monsieur le Maire (de Paris). Lionel Sow, chef de la Maîtrise de la cathédrale (et, depuis un an, chef du Chœur de l’Orchestre de Paris) est aux commandes. Gestique onctueuse mais précise, maîtrise de l’acoustique du lieu : stéréo réussie du double chœur, effets d’écho réglés au millimètre, alchimie savante des cordes et des cuivres (les très bons Sacqueboutiers de Toulouse), ballet impeccable des voix solistes (parmi lesquels l’excellent baryton Marc Mauillon). Un prodige dans cette nef gigantesque, où la bouillie sonore menace sans cesse le néophyte. Mais tout cela au détriment du grand théâtre initié par cette œuvre révolutionnaire, où Monteverdi abandonne les abstractions polyphoniques pour appliquer à l’église les mêmes principes (« seconde pratique », ou nouveau style) qu’à l’opéra naissant (son Orfeo date de la même année 1610). Une manière peut-être de rappeler qu’à Notre-Dame, on vient pour vénérer, pas pour faire la révolution.
François Lafon
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