A la Grande Halle de La Villette, Stravinsky en mode hip-hop avec l’orchestre sur instruments d'époque Les Siècles (direction François-Xavier Roth), la compagnie Melting Spot (direction Farid Berki) et un « corps de ballet » d’une quarantaine de jeunes issus du nord-est francilien. Public ravi : parents, amis, professeurs, responsables d’associations. Attention extrême (enfants compris) pour Petrouchka (pourtant sans danseurs), le Scherzo Fantastique (trois hip-hopeurs burlesques alla Jacques Tati) et Le Sacre du printemps (toute la troupe). Dans cet espace impressionnant à l’acoustique étonnement claire en dépit de l'amplificaiton du son, Roth et Les Siècles, pourtant réputés pour leur punch et leur faculté d’adaptation à tous les styles et toutes les situations, marchent sur des œufs dans Petrouchka et en cassent quelques-uns dans Le Sacre. Comme la chorégraphie oscille entre la cour d’école et un West Side Story relooké, la fête orgiaque prend des allures de fête de fin d’année, ce qui rend l’atmosphère plutôt sympathique. Pour les ados danseurs, c’est une victoire (hurlements de joie derrière le rideau); pour l’orchestre, un peu moins. Le Sacre, « musique sauvage avec tout le confort moderne » (Debussy) a besoin d’une autre précision pour éveiller le grand désordre salvateur.
François Lafon
Cité de la Musique, cycle Schönberg/Stravinsky. Stravinsky en mode hip-hop, les 6 et 7 avril Photo © Compagnie Melting Pot