Nouveau ciné-musical au Châtelet après Un Américain à Paris : Singin’in the Rain (Chantons sous la pluie) ou comment – thème de la saison - fabriquer un spectacle de notre époque avec un film d’un autre temps, cette fois celui de Stanley Donen avec Gene Kelly, Debbye Reynolds et Donald O’Connor (1952). Le metteur en scène Robert Carsen, déjà signataire in loco d’un Candide controversé et d’une My Fair Lady incontestée (voir ici), y décline toutes les références cinématographiques possibles, à commencer par The Artist : l’origine de l’œuvre le justifie et le sujet - la naissance du film sonore - s’y prête. Il nous fait passer derrière l’écran (bel effet de projection à l’envers) pour suivre les aventures du couple de stars du muet candidat au parlant – lui reçu, elle recalée pour cause d’ingratitude vocale – et de la jeune première au ramage à la hauteur de son plumage. Résultat sans bavure, plateau d’acteurs-chanteurs-danseurs britanniques capables d’en remontrer à leurs homologues américains, Orchestre de Chambre de Paris en grande formation (un luxe que Broadway ne permet pas). Difficile pourtant de ne pas sourire à l’idée que le film de Donen est plus moderne, qu’il dynamite bien plus sûrement - façon Helzapoppin - les codes du genre que cette grande machine somme toute bien sage (chorégraphie comprise). Qu’importe, le public adore : quinze représentations sold out, reprise d’un mois et demi annoncée pour les fêtes 2015-2016, standing ovation quand toute la troupe revient, sous une pluie battante, chanter et danser "Singin’in the Rain" en cirés jaunes, référence tous publics à l’affiche (culte) du film (idem).
François Lafon
Châtelet, Paris, jusqu’au 26 mars. Reprise du 27 novembre 2015 au 15 janvier 2016 Photo © Patrick Berger