Reprise au Palais Garnier de Giulio Cesare de Handel dans la mise en scène « Une Nuit au musée » de Laurent Pelly (2011 – voir ici). Un spectacle monté tout exprès pour Natalie Dessay, qui « volait le show » en Cléopâtre survoltée, d’autant que son César, le contre-ténor Lawrence Zazzo, était en méforme, et peinait à chanter autant qu’à exister face à elle. Sandrine Piau, qui lui succède, marche scrupuleusement sur ses brisées : même gestes, même silhouette, mêmes tenues suggestives. Et pourtant cela donne tout autre chose. Avec ses moyens à elle, elle chante aussi bien que Dessay, elle est même plus à l’aise dans ce festival d’airs superbes mais épuisants, sollicitant constamment le médium de la voix. Surtout, elle ne vole pas le show, et c’est tout le spectacle qui s’en trouve rééquilibré, Zazzo ayant par ailleurs retrouvé son assurance naturelle et sa facilité à vocaliser. Troupe homogène (jusqu’à l’inénarrable Dominique Visse, titulaire-maison du rôle de Nireno depuis… 1987), chef (Emmanuelle Haïm) moins enclin à chalouper que d’habitude. Comme disait Jean Giraudoux dans La Guerre de Troie n’aura pas lieu : « Un seul être vous manque et tout est repeuplé ».
François Lafon
Opéra de Paris, Palais Garnier, jusqu’au 18 juin. Photo © Opéra de Paris/Agathe Poupeney