Pas facile, le métier de chef d’orchestre ! Prenez Philippe Jordan, directeur musical de l’Opéra de Paris. Lundi 20, il dirige Cosi fan tutte de Mozart au Palais Garnier. Une reprise de la sage production d’Ezio Toffoluti, qui date de 1996. Distribution standard, dominée par la piquante Anne-Catherine Gillet en soubrette à qui on ne la fait pas. Une façon pour lui de se reposer d’un Crépuscule des dieux qui n’a pas fait l’unanimité (sauf pour lui). Or voilà que les fumigènes censés, au lever du rideau, ajouter du sfumato au décor partent dans la fosse. Les musiciens jouent à l’aveuglette, l’ouverture est ratée. Jordan, qui connaît pourtant son Cosi sur le bout de la baguette, mettra le premier acte entier à empêcher le bateau de tanguer. Mardi 21, Fête de la musique. Kurt Masur dirige l’Orchestre National dans la nef du Musée d’Orsay et Paavo Järvi l’Orchestre de Paris sous la Pyramide du Louvre. Eternelle rivalité. Au Louvre, programme Schumann : Konzertstück pour quatre cors et Symphonie « Rhénane ». Curieux choix pour une fête. Non moins curieux, et qui justifie l’entreprise : cette musique passe bien dans ce hall de marbre au plafond de verre, les cornistes ont l’air de bien s’entendre (dans tous les sens du terme) et Järvi donne-là un des meilleurs concerts de sa première saison comme directeur de l’orchestre. Ovation d’un public assis par terre. Le confort n’est pas toujours où on l’attend.
François Lafon