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Opéra Bastille : La Fille de neige, tardive magie
dimanche 16 avril 2017 à 00h52
A l’Opéra de Paris – Bastille : La Fille de neige (en VO : Snegourotchka) de Rimski-Korsakov, mis en scène par Dmitri Tcherniakov. Un long et riche « conte de printemps » (rien à voir avec le cinéma d’Eric Rohmer, quoique…) inspiré d’une pièce d’Alexandre Ostrovski (le « Molière russe ») parée à sa création d’une musique de … Tchaïkovski. Un défi scénique que ce folklore slave, où l’on voit dans une Russie champêtre et archaïque la fille du Vieil Hiver et de la Fée Printemps fondre sous les rayons du soleil d’été parce qu’elle a voulu connaître les feux de l’amour. Fidèle à son habitude (notamment rimskienne avec Kitège  - en DVD Opus Arte - et La Fiancée du tsar), Tcherniakov explique dans le programme que « s’il y a de l’amour, il n’y a pas de trahison », et transpose la fable dans un actuel phalanstère - entre zadistes et Amish – où l’on recherche la pureté des origines, et où la petite Fille de neige mourra d’avoir voulu partager l’ « utopie communautaire » (titre d’un essai de Bernard Lacroix), le tout mis en abyme dans un prologue contemporain, où ledit phalanstère est annoncé comme un jeu de rôles "à l'ancienne". Passée la belle image à rideau ouvert - avant même que le spectacle commence – des petites maisons dans la grande clairière, la célébration de ce rituel de renaissance printanière assez étranger au climat océanique tempéré qui est le nôtre manque de magie et met du temps à démarrer, même si l’on admire le génie d’orchestrateur de Rimski-Korsakov, sa façon d’utiliser le leitmotiv sans imiter Wagner et de réinventer un folklore ancien paré de tout le confort moderne. On est récompensé après l’entracte, où Rimski se rapproche de son ami Moussorgski et annonce son disciple Stravinsky (hymne final sur un rythme à onze temps : Le Sacre du printemps, déjà…), où la forêt selon Tcherniakov devient mouvante et mystérieuse, où la Fée Printemps, lors d’une scène magnifique, transmet le don d’aimer à sa fille Snegourotchka. Chœurs et Orchestre en grande forme sous la direction un peu trop sage du jeune Michaïl Tatarnikov, distribution étonnante où le public de l’Opéra retrouve l’Elsa de Lohengrin (Martina Serafin) et le Moïse de Schönberg (Thomas Johannes Meyer) plus russes que nature autour de la nouvelle star tatarstane Aida Garifullina, voix superbe et physique juvénile.
François Lafon

Opéra National de Paris – Bastille, jusqu’au 3 mai. En direct au cinéma et sur Arte Concert le 25 avril à 19h. En différé sur France Musique le 14 mai à 20h (Photo © Elisa Haberer/Opéra de Paris)

 

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