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Monteverdi 2 : Poppée fait de la résistance… à Vichy
vendredi 10 mars 2017 à 20h18
En coproduction avec les opéras de Lyon et Versailles, ce Couronnement de Poppée, initialement mis en scène par Klaus Michael Grüber, au Festival d’Aix-en-Provence, en 1999, revenait dans la salle « Art nouveau » de l’Opéra de Vichy (de 1300 places, soit 200 de plus qu’à Lyon), adapté par Ellen Hammer, ancienne collaboratrice de l’homme de spectacle à la Schaubühne de Berlin, jusqu’à sa disparition, en 2008. Architecture « romaine » stylisée et grands cyprès : un décor sans âge – imaginé par Gilles Aillaud et recréé par Bernard Michel, peintre – autant inspiré par les fresques de la Renaissance que par les géométries trompeuses de Giorgio de Chirico, qui pose un cadre idéal, d’une simplicité hiératique, aux jeux de l’amour et du pouvoir qui vont se déchaîner. Pour son ultime ouvrage, le « vieux » Monteverdi (75 ans) installe un nouveau genre lyrique, qui va perdurer pendant plus de trois siècles d’opéra. Après un Prologue où trois divinités se disputent, les dieux disparaissent au profit de personnages historiques : Poppée, Néron, Octavie, Sénèque et Lucain, à l’instigation du librettiste, le libertin Busenello. Initiée par Lyon pour son "Festival Mémoires", cette reprise du Couronnement a été confiée aux Solistes du Studio de l’Opéra, sous la direction du ténor Jean-Paul Fouchécourt – qui, aux côtés d’Anne Sofie von Otter, avait été justement l’interprète de cette production de Gruber… À coup sûr, c’est lui qu’il faudrait couronner, tant son choix des solistes – jeunes, très jeunes – investit avec pertinence la musique du Vénitien. Le couple Néron / Poppée domine, d’abord avec Laura Zigmantaite (photo), d’origine lituanienne, Néron hyper expressif, qui en impose, pour, sauf erreur, sa première apparition en France – un nom à retenir. Ensuite, la Poppée souveraine de Josefine Göhmann, soprano à la voix fruitée, pour la première fois également sur une scène française (duo final d'anthologie avec ces deux-là !), en alternance avec Émilie Rose Bry pour le rôle de Drusilla, venue elle du CNIPAL de Marseille, et déjà apparue en Poppée avec l’ensemble Matheus de Jean-Christophe Spinosi. Dans celui d’Ottone, la mezzo Aline Kostrewa trouve ses marques seulement au deuxième acte, en revanche on apprécie modérément le jeu du ténor André Gass, qui tire trop son rôle, certes bouffe, de la nourrice Analta, du côté d’un personnage excessif à la Pedro Almodovar, alors qu’il suffit d’y glisser une pointe d’ironie napolitaine… Avec de belles sonorités, Sébastien d’Hérin et ses Nouveaux Caractères est néanmoins en deçà de ce que l’on peut attendre de l’orchestre monteverdien, qui doit être plus violent et rougeoyer de cette ardeur des passions, qui sont le sujet même de ce Couronnement, à la mise en scène si aérienne. Espérons qu’à l’issue de cette première, le feu embrasera avec plus d’entrain les prochaines représentations.     
Franck Mallet
 
Opéra, Vichy, 7 mars (photo © Jean-Louis Fernandez)
 
Reprises : Opéra, V vichy, 11 mars ; Opéra de Lyon, "Festival Mémoires", TNP Villeurbanne, 16, 18 et 19 mars ; Théâtre royal de Versailles, 19 et 20 avril
 
 

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