Pour les fêtes au théâtre de l’Athénée, la compagnie Les Brigands (onze ans d’âge, d’abord composée de membres des Musiciens du Louvre en goguette) revient à ses fondamentaux avec Croquefer et L’Ile de Tulipatan, deux Offenbach de poche. Les principes maison – décalé, mais pas trop, subversif mais bon enfant – sont respectés. Salle bondée, rappelant que ce style so French ne demande qu’à être réactivé. Croquefer, parodie du style paladin (qui ne nous dit plus grand-chose), peine à trouver son rythme et sa folie, en dépit des clins d’œil répétés du metteur en scène Jean-Philippe Salério à Groland et aux Monty Python. L’Ile de Tulipatan, en revanche, marche tout seul. Musicalement sur-vitaminée, contemporaine (1867) des grands opéras-bouffes (La Périchole, La Grande Duchesse de Gérolstein), cette histoire de garçon élevé en fille qui en pince pour une fille élevée en garçon est faite sur mesure pour la troupe, menée par l’étonnant baryton à transformations Flannan Obé. Comme d’habitude, les voix passent ou cassent, et l’orchestre (dix musiciens) se démène comme cent. On vient aussi pour ce côté artisanal, artistiquement incorrect dans un monde lyrique obsédé par la perfection.
François Lafon
Théâtre de l’Athénée, Paris, jusqu’au 13 janvier. Théâtre Municipal, Gray, 23 décembre. Le Fanal, Saint-Nazaire, 15 janvier. Photo © Claire Besse