La compagnie Les Brigands fête son dixième anniversaire au théâtre de l’Athénée. Au programme : La Botte secrète (1903) de Claude Terrasse sur un livret de Franc-Nohain. C’est une histoire leste qui se passe dans un magasin de chaussures, haut lieu du fantasme coquin (voir Dédé d’Henri Christiné et Baisers volés de François Truffaut). Voilà donc dix ans que Les Brigands enchaînent les opérettes qui faisaient glousser nos arrière-grands-parents, pour le bonheur toujours plus grand d’un public toujours plus nombreux. Leur recette : en rajouter dans le nonsense, pratiquer l’anachronisme, cultiver le décalage, tout en préservant l’esprit parisien d’avant-guerre, à la fois bête et fin, naïf et vachard. Clou de La Botte secrète : un duo entre une princesse et un égoutier. Refrain : « Toute à l’égout ! ». En seconde partie (mais sans entracte) : revue d’anniversaire. La compagnie au grand complet offre des extraits de son répertoire. Pas de voix exceptionnelles, mais une énergie qui fait du bien. Entendu à la sortie : « Par les temps qui courent, Intouchables et ça, on en a bien besoin ». Comme dit Ionesco dans La Cantatrice chauve : « Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux ».
François Lafon
La Botte secrète. Mise en scène Pierre Guillois, direction Christophe Grapperon. Théâtre de l’Athénée, Paris, jusqu’au 8 janvier.