Reprise de The Sound of Music ( La Mélodie du bonheur ) au Châtelet, un succès déjà il y a deux ans. Inutile de comparer cet increvable hit avec les autres classiques du genre donnés in loco (A Little Night Music, Sweeney Todd, My Fair Lady). Comme le film de Robert Wise, plus que lui, même, le musical nage dans le sirop. Tout y est sucré : l’histoire du baron Trapp, qui épouse la novice déléguée par le couvent voisin pour s’occuper de ses sept enfants et fait entrer la musique, donc la joie dans la maison, les refrains de Richard Rodgers, plus mièvres les uns que les autres, le vert tendre des collines salzbourgeoises, qui sert de fond au décor. Mais il faut croire que le sucre est une drogue, car on sort de là tout propre, tout enfant, en fredonnant Do-ré-mi ou (pire) My Favourite Things. On se rassure en énumérant les qualités du spectacle : cast impeccable, mené par Katherine Manley (Maria) et William Dazeley (le Baron), mise en scène « tradition dépoussiérée » d’Emilio Sagi, avec un effet final (l’Anschluss, mars 1938) habilement angoissant. Il y a même un personnage intriguant dans cette aventure inspirée d’une histoire vraie : Max, l’imprésario qui crée un festival de musique et pactise avec les nazis. En 1938, Max Reinhardt, le créateur du festival de Salzbourg, a dû, lui, fuir en Amérique.
François Lafon
Au Châtelet, Paris, jusqu’au 1er janvier 2012