Reprise, au Palais Garnier, de La Cenerentola de Rossini dans la production historique (1968) de Jean-Pierre Ponnelle, donnée pour la première fois à Paris la saison dernière. Distribution moyenne, direction sans tonus, scories multiples grippant la mécanique rossinienne. Du coup, la mécanique ponnellienne grippe elle aussi. Adulé de son vivant, ce Français de culture et d’esthétique germanique, musicien consommé (il avait été l’élève d’Alfred Cortot) avait pour idéal de traduire la musique en mouvement, d’être scrupuleusement en empathie avec elle. Cela pouvait être, selon les œuvres, fascinant ou fastidieux. Il représentait, en tout cas, l’antithèse du mouvement lancé à l’époque par des metteurs en scène venus du théâtre, souvent moins musiciens que lui, mais habiles à manier la dialectique, et soucieux avant tout de faire avouer aux œuvres leurs intentions cachées. C’est ce courant qui a gagné, jusqu’aux actuels tops et flops du regietheater. Ponnelle en héraut d’un opéra consensuel. Lui qui aimait tant bousculer les habitudes du public huppé des grands festivals...
François Lafon
Opéra National de Paris, Palais Garnier, jusqu’au 26 décembre, et du 27 février au 25 mars. Cette Cenerentola, filmée en 1981 à la Scala de Milan avec Claudio Abbado au pupitre, est disponible en DVD Deutsche Grammophon.
Photo © Opéra de Paris