Festival Berlioz, théâtre éphémère du château Louis XI : la Symphonie fantastique et sa suite Lélio ou le retour à la vie, par John Eliot Gardiner et l'Orchestre révolutionnaire et romantique. La croisée des routes (Napoléon - thème de l'année) et le coeur du sujet, à savoir l'invention d'une symphonie-théâtre dont Roméo et Juliette restera la figure de proue. Coup de canon (un vrai) , devant le château à l'entrée du chef, cloches fondues tout exprès lors du festival 2013 (voir ici), mais aussi dramaturgie visuelle et auditive exacerbée par les sonorités acérées des instruments d'époque. Ainsi placée dans un espace qui n'est qu'à elle - violons et altos jouant debout, harpes cernant le chef pour le Bal (2ème mouvement) - la Fantastique révèle tout ce quelle a d' inouï ( c'est à dire jamais entendu) et mène tout naturellement à ce Lélio qui brouille les codes et abat les règles, "mélologue" avec récitant, portrait - entre ironie sous-jacente et coeur sur la main - de l'Artiste amoureux , suite de séquences orchestrales à la logique shakespearienne coupées d'airs de ténor avec piano et ponctué ée de choeurs flamboyants. Musiciens en état de grâce, choristes (de formidables Ecossais de dix-sept à vingt-quatre ans) prêts à tous les jeux, solistes sur le fil (Michael Spyres, Laurent Naouri), héros justement distancié (Denis Podalydès) : ovation debout pour un concert d'anthologie. L'après-midi à l'église de La Côte-Saint-André : routes moins directement Napoléon de la Pologne, avec déclinaison de la Polonaise (Chopin, Wieniawski, Lipinski) par le pianiste Denis Pascal et ses fils Alexandre (violon) et Aurélien (violoncelle), chambristes déjà aguerris.
François Lafon