Grand final et salle comble, au Châtelet, de Présences 2011, vingt-et-unième festival de création musicale de Radio France, dédié cette année à Esa-Pekka Salonen. Treize concert gratuits, dont quatre dirigés par le maître, dont on aura entendu l’œuvre quasi intégrale. Car c’est le compositeur qui est à l’honneur, plus que le chef. Ce soir, il dirige un Philharmonique de Radio France tiré au cordeau dans deux pièces pour grand orchestre : Nix, en création mondiale, et L.A Variations, dédié au Philharmonique de Los Angeles, sur lequel il a régné dix-sept ans durant. C’est de la « musique de chef d’orchestre », bien écrite, bien sonnante, mettant en valeur tous les pupitres. On y entend du Stravinsky, du Sibelius (son compatriote, qu’il a d’abord détesté, puis qu’il s’est mis à vénérer), du John Adams. On se souviendra davantage du formidable clarinettiste Kari Kriikku sillonnant les rangs de l’orchestre dans le raffiné D’OM LE VRAI SENS de Kaija Saariaho, et surtout de son exécution anthologique d’Amériques, d’Edgar Varèse, génial brûlot créé en 1926, et plus que jamais symbole de modernité. Comme Furtwängler, comme Klemperer, comme Markevitch, Salonen est un grand chef qui compose. Mahler, Strauss, Bernstein, Boulez restant, à tous égards, des exceptions.
François Lafon
Photo DR