Ante-ante-ante-pénultième concert de l’Orchestre de Paris à Pleyel avant d’émigrer à la Philharmonie : Christian Zacharias dirige Mozart et Schubert, avec le jeune pianiste canadien Jan Lisiecki en soliste. Un Mozart juvénile (Symphonie n° 31 « Paris », Concerto pour deux pianos), un Schubert de dix-sept ans (Symphonie n° 2), fou de Beethoven mais encore attaché au classicisme. Deux mondes tout de même, de part et d’autre de la faille creusée par la vague baroqueuse. Curieuse dichotomie entre la gestique sobre du chef et le son massif de l’orchestre dans la Symphonie « Paris », rappelant l’époque (trente ans déjà) du festival Mozart de Daniel Barenboim. Les musiciens ont pourtant marché avec leur temps, comme ils l’ont montré il y a peu sous la baguette de Giovanni Antonini (voir ici), et comme ils le rappellent après l’entracte dans une 2ème de Schubert bondissante et finement mélancolique. Entre temps, dialogue en porte-à-faux entre Zacharias (dirigeant du clavier) et Lisiecki dans le ludique Concerto pour deux pianos. Double bis opportun : le Presto final dudit Concerto, cette fois plus musclé, plus ludique justement, et en fin de concert, la version allégée (par l’orchestre autant que par Mozart) de l’Andante de la Symphonie « Paris », contribution de l’Orchestre à la Semaine de sensibilisation organisée par la FIM (Fédération Internationale des Musiciens) aux dangers courus par les institutions musicales et lyriques en ces temps de restrictions budgétaires.
François Lafon
Salle Pleyel, Paris, 26 et 27 novembre Photo : Christian Zacharias © DR