De Berlin à Bayreuth : 355 kilomètres, mais d’étranges correspondances. C’est en découvrant, sur le parking du Festspielhaus, une plaque indiquant « Reserviert für Musikdirektor Ch. Thielemann », que l’équipe du Festival Wagner a appris que de conseiller musical (depuis 2010), le maestro passait Directeur musical de l’institution, poste inventé tout exprès pour lui. Un lot de consolation, sans doute, pour le prétendant malheureux à la tête du Philharmonique de Berlin. Plus anecdotique mais non moins propice aux commentaires : la soprano Anja Kampe renonce au rôle d’Isolde sous la baguette de Thielemann (elle est remplacée par Evelyn Herlitzius, l’Elektra de Patrice Chéreau), mais pas à celui de Siegelinde dans La Walkyrie, dirigé par Kirill Petrenko, son ex-compagnon et … directeur désigné du Philharmonique de Berlin. Et tout cela dans la foulée d’un éditorial sur NDR Kultur où (le passage a été supprimé) Thielemann est donné comme le spécialiste mondial du son allemand et Petrenko comme la caricature juive du Nibelung Alberich, et d’un article du quotidien Die Welt, relevant que Petrenko sera, aux côtés de Daniel Barenboim (Staatsoper) et d’Ivan Fischer (Konzerthausorchester), le troisième directeur d’orchestre juif en poste à Berlin. Petrenko, réputé pour détester les interviews, a annoncé qu’il n’en donnerait aucun.
François Lafon
Photo : Kirill Petrenko © DR