Au théâtre de l’Athénée, Ariane à Naxos de Richard Strauss, version de concert mise en scène par Benjamin Lazar. Des musiciens partout, habillés comme tous les jours, sur scène et dans la salle - les trente-sept solistes (pouvant sonner comme cent) requis pour cet opéra étrange, version refondue d’un divertissement d’abord destiné à accompagner … Le Bourgeois gentilhomme de Molière. Sur une chaise à l’avant-scène : le Compositeur (rôle travesti). En ligne, les autres personnages, les yeux fermés. But apparent : faire naître l’action de la musique, ou plutôt des musiciens, qui finiront, entraînés par les chanteurs, par entrer dans le jeu, par danser avec eux. Point fort : montrer à la loupe, dans un espace confiné, cet ouvrage gigogne – théâtre dans le théâtre, intimité et grands épanchements, sentiments sublimes et réparties canailles, dialogue permanent des voix et des instruments. Mené par le jeune Maxime Pascal, l’ensemble Le Balcon, habitué aux paris fous (voir ici) dégage une énergie communicative, comme les chanteurs, qui n’ont pas tous le format straussien, mais sont à la fois proches et étranges, avec leur gestique étudiée. Gros succès, salle bondée, public conquis. L’opéra, fût-il le plus sophistiqué, est avant tout un théâtre des sens.
François Lafon
Théâtre de l’Athénée, Paris, jusqu’au 19 mai. Photo © Théâtre de l'Athénée