Mardi 16 avril 2024
Bach qui coule n'amasse pas mousse
Simone Dinnerstein vivifie les Inventions & Sinfonias
Bach – Inventions & Sinfonias

« Pour apprendre à jouer dans un style cantabile, » écrit Jean-Sébastien Bach à propos de ses Inventions composées en 1723 et destinées aux « amateurs de clavier et (à) ceux qui désirent s’instruire. » Le cantabile, c’est donc ce que recherche la new-yorkaise Simone Dinnerstein dont la célébrité (méritée) est née en 2007 d’un CD autoproduit des Variations Goldberg. Elle y parvient joyeusement, dépasse largement le stade des morceaux d’apprentissage, ne joue pas ces Inventions et Sinfonias, mais joue avec elles, en débusque les cavalcades et les contrepoints, s’amuse à porter légèrement les notes pour ajouter un petit suspense ou se met tranquillement à rêver en accentuant la mélancolie de la main gauche. Son Bach coule tout seul, elle en fait ressortir le caractère à la fois candide et complexe, les élans et le côté dansant, en se laissant parfois aller, malheureusement, à un soupçon de précipitation, voire de brutalité, qui gomme quelque peu l’atmosphère poétique qu’elle réussit par ailleurs à créer. A mi-chemin entre la sublime rigueur " gouldienne " et les jolies chimères romantiques, ce Bach vivifiant est marqué du sceau de la jeunesse.
Gérard Pangon

Inventions BWV 772 à 786 ; Sinfonias BWV 787 à 801
Simone Dinnerstein (piano)
1 CD Sony Classical 3795972
54 min

mis en ligne le vendredi 16 mai 2014

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