Vendredi 29 mars 2024
Austère mais enrichissant
Méditations chorales de Wolfgang Rihm
Astralis

Né en 1952, le compositeur allemand Wolfgang Rihm jouit depuis ses débuts d’une célébrité et d’une considération certaines. Sa production est abondante et variée. Il a étudié avec Stockhausen, ce qui ne l’a pas empêché de voir dans le sérialisme un « académisme ». Le manifeste de 1981 pour une « Nouvelle simplicité » l’a fait considérer à tort comme un réactionnaire, un tenant du « retour à ». Il s’est en réalité déclaré « allergique au dilettantisme », la musique étant pour lui « force et énergie immédiatement et physiquement vécues ». Ouvrage d’extrême jeunesse (1968), les cinq motets pour chœur mixte a cappella Fragmenta passionis (Fragments de la Passion) laissent à l’interprète une grande marge de manœuvre et se nourrissent largement de contrastes d’intensité. Rien de tel dans les Sieben Passions-Texte (Sept textes de la Passion) à six voix (2001-2006), d’atmosphère surtout méditative, faits d’un « cosmos d’harmonies subtiles » et de proximité avec des maîtres anciens tels que Dufay, Palestrina et même Schütz. Rihm s’est toujours inspiré sans gêne, mais non sans maîtrise, de styles antérieurs. Astralis pour petit chœur, violoncelle et 2 timbales (2001) sur un texte de Hölderlin, pièce elle aussi aux limites du silence et d’une durée de 30minutes, trouve son origine dans un essai de 1950 d’Ernst Jünger sur le nihilisme qui suscita une réplique de Martin Heidegger. Les connaissances littéraires et la culture philosophique de Rihm sont grandes, comme les ressources du RIAS Kammerchor, interprète idéal de ce programme à la fois austère et enrichissant.
Marc Vignal

Œuvres chorales : Sieben Passions-Texte, Astralis, Fragmenta passionis
RIAS Kammerchor
Direction musicale : Hans-Christoph Rademann
1 CD Harmonia Mundi HMC 902129
1 h 09 min

mis en ligne le samedi 21 avril 2012

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