Mercredi 24 avril 2024
A la croisée des chemins
Falvelli par Alarcon : un Nabucco plus impressionnant que séduisant
Nabucco

On peut imaginer, en effet, que Michelangelo Falvetti (1642-1692), Calabrais actif en Sicile, a baigné dans le syncrétisme palermitain, fait d’influences romane, islamique et grecque. Relisant la partition de son Nabucco (donosor), Leonardo Garcia Alarcón accuse les traits levantins, en fait ottomans, à grand renfort de ney, duduk et autres kaval. Le long prologue offre ainsi à la Capella Mediterranea un terrain de jeu ouvert à tous ces vents. La partition « recréée » par le bouillant maître argentin se veut d’un dramatisme très spectaculaire. A la croisée de l’Orient, de Monteverdi et de Schütz, mêlant musique savante et musique populaire, cet oratorio à six voix inspiré du Livre de Daniel (Ancien Testament) flatte tour à tour toutes les figures de style : symphonies et continuos, récitatifs et arias, trios et quatuors de voix, chœurs enfin, impressionnants tant dans l’écriture que dans l’exécution. Mais est-ce vraiment du Falvetti ? Telle est la question, et les solistes, à part le ténor Fernando Guimarães dans le rôle–titre et la soprano Mariana Flores, n’ont pas, dans l’ensemble, le souffle suffisant pour donner à ce Nabucco écartelé une cohérence dramatique. Pourtant, dernier-né de la mode des « trésors exhumés », il pourrait bien en être un pour de vrai.
Albéric Lagier

Nabucco
Fernando Guimarães (Nabucco), Alejandro Meerapfel (le prophète Daniel), Fabián Schofrin (Arioco), Caroline Weynants (Anania), Mariana Flores (Azaria)
Cappella Mediterranea, Choeur de Chambre de Namur
Direction musicale : Leonardo García Alarcón
1 CD Ambronay AMY036
1 h 18 min

mis en ligne le vendredi 25 octobre 2013

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