Mardi 16 avril 2024
A cœur vaillant rien d'impossible
Tai Murray affirme une belle personnalité dans les sonates d'Ysaÿe
Six sonates pour violon seul op.27

A priori on pourrait penser qu’interpréter les redoutables Sonates pour violon d’Eugène Ysaÿe nécessite un tempérament de caméléon. Prenez la deuxième, par exemple : elle est truffée de réminiscences de Bach tout en étant dédiée à Jacques Thibaud. Quant à la troisième, offerte à Georges Enesco, c’est une ballade d’un seul tenant sous influences roumaines. Et toutes les autres ont, de la même manière, leurs points d’accroche dans l’histoire de la musique. Alors comment s’en tirer pour faire mémoire de tout ce beau monde, faire sonner les influences multiples et ne pas oublier que le compositeur était un belge virtuosissime ? Au-delà de l’impérative nécessité de posséder une technique irréprochable, il n’y a sans doute qu’une solution : ne pas chercher à imiter qui que ce soit et être doué d’une personnalité hors du commun. Forte de toutes ces qualités, l’américaine Tai Murray, dont nous avons ici le premier enregistrement, propose une interprétation extrêmement séduisante, avec un remarquable phrasé et une musicalité de chaque instant : elle possède un son ample, chaleureux, sait se faire aérienne quand il le faut et curviligne pour aborder les moments poétiques. A cœur vaillant, rien d’impossible, dit-on. Même si Tai Murray n’a pas la même aisance absolue dans toutes les sonates, ce proverbe lui convient à merveille.
Gérard Pangon

Six sonates pour violon seul op.27
Tai Murray (violon)
1 CD Harmonia Mundi HMU 907569
1 h 09 min

mis en ligne le vendredi 23 mars 2012

Bookmark and Share
Contact et mentions légales.
Si vous souhaitez être informé des nouveautés de Musikzen laissez votre adresse mail
De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.